Une
aubaine pour les régions du sud :
Inauguré en grande pompe au mois de janvier 2O19
par les deux chefs d’Etat du Sénégal et de la Gambie, le pont de Farafégny
appelé Sénégambie Bridge, est une véritable aubaine surtout pour les
populations des régions sud du pays. Ce pont d’intégration régionale sur la trans-gambienne, a fini de réduire considérablement la distance entre le nord et
le sud du pays. Dans ce dossier, il s’agit de montrer en quoi, la Sénégambie
Bridge a réduit la distance du trajet Dakar – Sédhiou
En
son temps, voyager de Sédhiou à Dakar via la Gambie, relevait d’un chemin de
croix nous raconte un chauffeur. Modou Fall, il s’appelle, est détenteur d’un
permis de transport en commun. Il assure la liaison Sédhiou- Dakar à l’aide
d’un bus (horaire). « Nous étions obligés d’inviter les clients à se
présenter tôt à la gare routière entre 5 heures et 6 heures du matin pour
embarquer et se mettre sur la route avant le lever du soleil. Cette course
effrénée, était motivée par la hantise des longues files d’attente au bac de
« Farafégny », se souvient notre interlocuteur. Jadis, cette
traversée mythique faisait perdre aux voyageurs leur patience. Tracasseries
routières, files d’attente de véhicules à perte de vue, tout était réuni pour
perdre des heures sur la trans-gambienne. L’espoir d’arriver à temps à
destination s’envolait avec ses impairs source de plusieurs tracasseries.
« Les
voitures de tout genre stationnées les unes derrière les autres. Cette queue
pouvait s’étirer sur une distance de plus d’un kilomètre », nous précise notre
témoin qui s’en souvient encore.
Ces
moments de pause obligatoire sont un calvaire pour les usagers. Ils font face
aux humeurs des officiels² Gambiens qui n’hésitent pas à leur faire des
remontrances à outrance. Chef de police Mister Jobbe et son acolyte Lamine
Diémé étaient tristement célèbres à travers leurs agissements délictuels. Tous
habitués aux pots de vin qui varient de 7000 F à 10000 F, qu’ils réclamaient
aux chauffeurs pour leur faciliter le passage et échapper par la même occasion
à un séjour prolongé au bac de Gambie, argue-t-il.
A
cela s’ajoute, cette odeur nauséabonde qui empeste l’atmosphère, provenant des défécations
humaines et excréments d’animaux à l’air libre. Cet endroit qui sert d’attente
aux passagers avec les rotations lentes du ferry, est exigu et aucun siège n’est
aménagé pour les passants, rien ne s’offre tout s’achète. Le décor est planté
de cantines, des maisons de fortune, des étals pour vendre quelques articles, ou
des marchands à la sauvette qui proposent des produits qui ont atteint leur
date de péremption.
Un
voyage synonyme d’une descente aux enfers nous relate cette
sexagénaire « Au cours d’un de mes voyages, j’ai vécu un scénario
bizarre, d’un signe de la main, elle m’indique le fameux mirador terrassé par
l’usure du temps. On y était assis, soudain un homme survint, il donne l’air
d’un jeune sans occupation, il se rapprocha de nous, puis se mit dans notre conversation.
Il réussit à nous faire comprendre que le Président de la Gambie Jammeh ne veut
pas d’une coopération entre les deux états. Nous pensons que nous sommes au
Sénégal. On le rejoint, en y ajoutant notre avis puis il prend congé de nous.
Quelques instants, sans se rendre compte de ce qui se passe, on aperçoit des
hommes en uniformes qui marchent droit sur nous. Nous avons essayé d’en savoir
plus, pas de moyen. Au commissariat qu’on nous explique que nous sommes
complices d’un coup d’état contre le régime en place. Subitement, j’ai demandé
où se trouve les toilettes car le film qui se déroulait devenait trop compliqué
pour moi. Nous avons été libérés sous caution après versement de la somme de
deux cent mille CFA (200000F) ».
Traverser
le fleuve à bord du ferry ne signifie pas que vous êtes au bout de vos peines.
Au contraire, Le même calvaire vous accueille de l’autre côté de la rive,
jusqu’à Keur Ayib, premier poste de contrôle en territoire sénégalais.
Conducteur de profession, Badara Faye raconte ses souvenirs
douloureux « Je me rappelle à l’approche d’une fête de korité, j’étais
contraint de débourser au moins la somme de trente mille francs (30000F) pour
franchir les postes de contrôle ou check-points Gambiens. Les policiers
m’arrêtent sans motifs valables et on me balance sur la figure « une
amende forfaitaire », se souvient-il
Le
pont de la libération, une gigantesque infrastructure de 942m de longueur, surplombe
le fleuve Gambie, sur une hauteur de 18m par rapport au niveau de l’eau. Il est
bordé des deux côtés par la mangrove. Les voyageurs qui ont connu les deux
époques de la place Farafégny, jettent un coup d’œil furtif pour voir ce que
ressemble ce lieu actuellement.
Dans
ce sillage, nous avons croisé un vieux à la soixantaine révolue, les cheveux
blancs, vêtu d’un boubou vert, taillé de la même couleur que son châle, visiblement,
il donne l’air d’un marabout.
Il
attire l’attention de tous, il implorait le chauffeur de lui accorder une
petite pause pour faire une prière surérogatoire. il s’inclinait, se prosternait,
les mains levées vers le ciel avec des incantations, après ce geste qui sort de
l’ordinaire à la sortie du pont, Il se confie « A la fête de la tabaski passée,
j’ai perdu mon bélier, je suis arrivé chez moi dans une tristesse totale. C’est
le voisinage qui m’est venu en aide »
Actuellement,
le voyage sur cet axe s’effectue ente quatre heures et six heures d’horloge au
plus. Un temps record, inimaginable dans un passé récent. Plusieurs personnes
qui ont emprunté la Transgambienne, ont un souvenir douloureux de ce trajet
mortifiant où on peut perdre une journée entière.