vendredi 13 mars 2020

Sénégambie bridge




Une aubaine pour les régions du sud :
Inauguré en grande pompe au mois de janvier 2O19 par les deux chefs d’Etat du Sénégal et de la Gambie, le pont de Farafégny appelé Sénégambie Bridge, est une véritable aubaine surtout pour les populations des régions sud du pays. Ce pont d’intégration régionale sur la trans-gambienne, a fini de réduire considérablement la distance entre le nord et le sud du pays. Dans ce dossier, il s’agit de montrer en quoi, la Sénégambie Bridge a réduit la distance du trajet Dakar – Sédhiou



En son temps, voyager de Sédhiou à Dakar via la Gambie, relevait d’un chemin de croix nous raconte un chauffeur. Modou Fall, il s’appelle, est détenteur d’un permis de transport en commun. Il assure la liaison Sédhiou- Dakar à l’aide d’un bus (horaire). « Nous étions obligés d’inviter les clients à se présenter tôt à la gare routière entre 5 heures et 6 heures du matin pour embarquer et se mettre sur la route avant le lever du soleil. Cette course effrénée, était motivée par la hantise des longues files d’attente au bac de « Farafégny », se souvient notre interlocuteur. Jadis, cette traversée mythique faisait perdre aux voyageurs leur patience. Tracasseries routières, files d’attente de véhicules à perte de vue, tout était réuni pour perdre des heures sur la trans-gambienne. L’espoir d’arriver à temps à destination s’envolait avec ses impairs source de plusieurs tracasseries.
« Les voitures de tout genre stationnées les unes derrière les autres. Cette queue pouvait s’étirer sur une distance de plus d’un kilomètre », nous précise notre témoin qui s’en souvient encore.
Ces moments de pause obligatoire sont un calvaire pour les usagers. Ils font face aux humeurs des officiels² Gambiens qui n’hésitent pas à leur faire des remontrances à outrance. Chef de police Mister Jobbe et son acolyte Lamine Diémé étaient tristement célèbres à travers leurs agissements délictuels. Tous habitués aux pots de vin qui varient de 7000 F à 10000 F, qu’ils réclamaient aux chauffeurs pour leur faciliter le passage et échapper par la même occasion à un séjour prolongé au bac de Gambie, argue-t-il.
A cela s’ajoute, cette odeur nauséabonde qui empeste l’atmosphère, provenant des défécations humaines et excréments d’animaux à l’air libre. Cet endroit qui sert d’attente aux passagers avec les rotations lentes du ferry, est exigu et aucun siège n’est aménagé pour les passants, rien ne s’offre tout s’achète. Le décor est planté de cantines, des maisons de fortune, des étals pour vendre quelques articles, ou des marchands à la sauvette qui proposent des produits qui ont atteint leur date de péremption.
Un voyage synonyme d’une descente aux enfers nous relate cette sexagénaire « Au cours d’un de mes voyages, j’ai vécu un scénario bizarre, d’un signe de la main, elle m’indique le fameux mirador terrassé par l’usure du temps. On y était assis, soudain un homme survint, il donne l’air d’un jeune sans occupation, il se rapprocha de nous, puis se mit dans notre conversation. Il réussit à nous faire comprendre que le Président de la Gambie Jammeh ne veut pas d’une coopération entre les deux états. Nous pensons que nous sommes au Sénégal. On le rejoint, en y ajoutant notre avis puis il prend congé de nous. Quelques instants, sans se rendre compte de ce qui se passe, on aperçoit des hommes en uniformes qui marchent droit sur nous. Nous avons essayé d’en savoir plus, pas de moyen. Au commissariat qu’on nous explique que nous sommes complices d’un coup d’état contre le régime en place. Subitement, j’ai demandé où se trouve les toilettes car le film qui se déroulait devenait trop compliqué pour moi. Nous avons été libérés sous caution après versement de la somme de deux cent mille CFA (200000F) ».
Traverser le fleuve à bord du ferry ne signifie pas que vous êtes au bout de vos peines. Au contraire, Le même calvaire vous accueille de l’autre côté de la rive, jusqu’à Keur Ayib, premier poste de contrôle en territoire sénégalais. Conducteur de profession, Badara Faye raconte ses souvenirs douloureux « Je me rappelle à l’approche d’une fête de korité, j’étais contraint de débourser au moins la somme de trente mille francs (30000F) pour franchir les postes de contrôle ou check-points Gambiens. Les policiers m’arrêtent sans motifs valables et on me balance sur la figure « une amende forfaitaire », se souvient-il
Le pont de la libération, une gigantesque infrastructure de 942m de longueur, surplombe le fleuve Gambie, sur une hauteur de 18m par rapport au niveau de l’eau. Il est bordé des deux côtés par la mangrove. Les voyageurs qui ont connu les deux époques de la place Farafégny, jettent un coup d’œil furtif pour voir ce que ressemble ce lieu actuellement.
Dans ce sillage, nous avons croisé un vieux à la soixantaine révolue, les cheveux blancs, vêtu d’un boubou vert, taillé de la même couleur que son châle, visiblement, il donne l’air d’un marabout.
Il attire l’attention de tous, il implorait le chauffeur de lui accorder une petite pause pour faire une prière surérogatoire. il s’inclinait, se prosternait, les mains levées vers le ciel avec des incantations, après ce geste qui sort de l’ordinaire à la sortie du pont, Il se confie « A la fête de la tabaski passée, j’ai perdu mon bélier, je suis arrivé chez moi dans une tristesse totale. C’est le voisinage qui m’est venu en aide »
Actuellement, le voyage sur cet axe s’effectue ente quatre heures et six heures d’horloge au plus. Un temps record, inimaginable dans un passé récent. Plusieurs personnes qui ont emprunté la Transgambienne, ont un souvenir douloureux de ce trajet mortifiant où on peut perdre une journée entière.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire